samedi 8 novembre 2008

"Comment Combattre le Déni", Traduction

Traduction de l'interview d'Alice Miller en Anglais: "How to combat denial".

Une Liste des Traductions du site d'Alice Miller récapitule les documents de son site web traduits dans d'autres langues mais non disponibles sur son site web et quelques articles non référencés sur son site web.

On peut aller plus loin dans la compréhension du conte du petit chaperon rouge et déduire que non seulement la mère refuse de voir le danger dans la forêt parce qu'elle est semblable au loup, elle est dangereuse comme le loup car elle envoie sa petite fille sans défense seule dans une forêt forcément dangereuse, cette mère nie les parties d'elle même qui sont très ressemblantes au loup, accepter de voir le loup, c'est accepter de se voir telle qu'elle est réellement, et elle ne le peut pas à cause de sa propre enfance, on apprend à l'enfant à se renier tel qu'il est, et à "jouer la comédie" pour complaire aux parents, mais ça l'empêche d'être lui même et de voir la réalité.


"Comment Combattre le Déni

Interview originale "How to combat denial" en anglais, sur le site http://www.alice-miller.com, traduction en Français par Gaël Roblin, traduction non vérifiée par Alice Miller ou son équipe.

Comment combattre le déni ?

Interview donné par Alice Miller à Borut Petrovic Jesenovec en Juillet 2005

Les contes de fées et les mythes peuvent nous en apprendre beaucoup à propos de notre culture et de notre perception du monde. L'un des contes les plus connus que les petits enfants sont "forcés" à écouter et à lire lorsqu'ils sont plus ou moins grands est "Le Petit Chaperon Rouge". Parmis des milliers d'autres contes populaires celui-ci reste debout comme étant incroyablement populaire. Qu'est-ce qu'ils nous dit à propos de notre attitude envers les enfants dans notre culture ?

Il nous dit qu'il est évident d'utiliser les enfants comme des victimes.La mère envoie l'enfant seul vers la grand mère et ne se soucie pas du danger (le loup) dans la forêt.

Je suis toujours choqué par l'interprétation "officielle" que la mère du Petit Chaperon Rouge est bien intentionnée et en prend soin. Elle envoie sa jeune fille dans une forêt dangereuse expliquant que c'est un tâche honorable (pauvre grand mère après tout).Je trouve cette mère cruelle, mauvaise et même perverse. Etes vous d'accord ?

Oui je suis d'accord parce quelle doit avoir connu l'existence de ce loup. Cependant elle ne prépare pas l'enfant pour le danger qu'elle nie. Le résultat est que l'enfant croit le loup, lui dit ou habite la grand mère et même quand elle voit plus tard le loup dans le lit de la grand mère, lui parle comme si il était la grand mère. Elle a déjà pris le déni de la mère, partage sa cécité et devient la victime naïve du loup qui symboliquement représente ici le père incestueux auquel les mères livrent souvent ses filles. Elles protègent leurs propres pères en supprimant leurs souvenirs d'avoir été abusées dans leur enfance et deviennent AINSI aveugles aux dangers pour leurs filles.

Quand j'ai voulu parler des mauvais aspects de mon enfance, j'ai été rejeté et on m'a rappelé que tout a son bon et mauvais coté et c'est pourquoi nous devrions nous concentrer sur le coté brillant de la vie et adopter une attitude positive. Dans de telles argumentation même l'abus a quelquechose de valeur. Comment réagiriez vous à de telles relativisations et à un tel relativisme ?

Ce type de pensée est nécessaire dans l'enfance, c'est notre stratégie pour survivre. Même avec les parents les plus brutaux, l'enfant ne veut pas mourir, alors il doit absolument croire que ce qu'il endure n'est pas l'entière vérité. Et bien sûr il y a des moments quand le père brutal semble changer, il vous emmène sortir pour pêcher et vous pouvez vous sentir aimé pour un temps.Si plus tard ils vous utilise comme un jouet ou un objet de ses désirs sexuels vous pouvez vous échapper de votre peur, vous avez toujours pour vous en mémoire le bon souvenir de la pêche ou d'autres occasions. De cette façon nous survivons à notre enfance, et la plupart des gens essaient de vivre seulement avec ces bons souvenirs en supprimant les mauvais. De tels actes sont supportés par les religions et presque toute les philosophies connues. Mais je pense qu'en tant qu'adultes nous avons la possibilité de prendre ces faits sérieusement et de savoir qu'en faisant ça nous ne sommes plus dans le danger mortel.Nous pouvons faire l'effort de voir que nos parents pour quelques raisons que ce soit ne nous aimaient pas aussi longtemps qu'ils pouvaient nous utiliser comme des victimes, sans prendre soins de nos sentiments, notre douleur, et notre futur. Cette conscience nous aide à nous débarasser de nos sentiments auto-destructeurs de culpabilité.En rejetant de tels actes de nos parents nous devenons libres de la compulsion de répétition de tels actes avec nos propres enfants.

Comment définiriez vous un abus ?

Abuser veut dire utiliser une personne pour ce que je veut obtenir d'elle ou de lui, sans lui demander son accord, sans respecter sa volonté et ses interêts. Avec les enfants, c'est très facile de le faire, parce qu'ils sont aimants, ils croient leurs parents et la plupart des adultes et ne réalisent pas qu'ils sont abusés, que leur amour à été exploité. Spécialement si ils étaient forcés d'ignorer leur émotions depuis le début, ils peuvent avoir perdu leur sensibilité aux signaux de dangers.

Une petite fille va suivre à la cave le voisin qui lui à promis du chocolat, bien qu'elle puisse se sentir inconfortable. Mais si elle a appris depuis le début de sa vie que ces sentiments n'ont pas d'importance et qu'elle devrait obéir à chaque personne adulte, même si elle sent de la résistance, elle va suivre le voisin. Elle va se comporter comme le Petit Chaperon Rouge dans le conte de fée. Et elle peut plus tard souffrir dans ces relations avec les hommes pour toute sa vie si elle ne travaille pas sur cette première expérience dans la cave. Cependant si elle le fait, elle ne sera plus en danger de devenir une victime de viol ou de n'importe quel autre type de tracasseries.

Combien de gens pensez vous ont été abusées dans leur enfance ?

C'est difficile d'estimer combien de gens n'ont pas été abusés. Je connais des gens qui n'ont pas été exploités dans leur enfance, qui étaient aimés, dont on se souciait et qui étaient autorisés à exprimer leur véritables sentiments. Je les ai vus étant bébés et je vois qu'ils sont capables de donner à leurs enfants le même respect qu'ils ont eu de leurs propres parents.Mais je n'en connais pas beaucoup comme ça. Donner une fessée à des enfants est toujours considéré comme étant inoffensif et utile partout dans le monde. Je pense qu'environ 90% de la population mondiale a été abusée de cette manière plus ou moins sévèrement. Vous pouvez voir chaque jour à la TV ce que les plus sévèrement abusés font quand ils deviennent des adultes qui nient leur souffrances et admirent et respectent leurs parents abusifs. Vous pouvez le tester, vous pouvez aller tout autour du monde et demander au gens les plus cruels comment étaient leurs parents. La réponse de plus grand tyrans sera souvent: Mes parents étaient des gens bien.Il voulaient le meilleur pour moi, mais j'étais un enfant têtu.

La cécité humaine qui permet d'abuser peut être stupéfiante. Même confrontés à leurs propres abus les plus évidents, les gens croient toujours au mythe d'avoir été aimés, et continuent à abuser de leurs enfants (et des enfants des autres). Comment leur "ouvreriez vous les yeux" sur ce qu'ils font ? Est-ce possible après tout ?

Je ne peux pas ouvrir les yeux des autres; ils se refermeront rapidement encore, et ils ne veulent pas voir - ou ils ont peur de voir - la vérité parce qu'ils s'attendent à être punis par leurs parents ou Dieu qui les représentent. Je peux seulement ouvrir mes propres yeux et dire ce que je vois. Et quelques fois les gens se sentent encouragés à ouvrir un oeil ou même les deux. Ils sont surpris de ne pas être punis, de sentir même le soulagement d'avoir arrêté de se trahir eux mêmes.

Les gens préfèrent normalement nier qu'ils ont été abusés. Interpréteriez vous les désordres alimentaires, l'obsession des régimes-minceur, se ronger les ongles, boire "innocemment" lors de réunions sociales, penser au suicide, l'asthme, prendre des drogues ou même le "besoin" d'aliments sans valeurs nutritive ou les cigarettes comme des preuves sans équivoques d'abus émotionnel ou physiques ?

Oui, absolument. Toutes ces maladies ou addictions sont des cris du corps qui veut être entendu. Au lieu d'entendre et d'essayer de comprendre ces cris, la plupart ont choisis de s'en aller.

Vous dites que le corps est sage et ne peut être trompé. La bonne nouvelle est que si nous l'écoutons, nous pouvons être guéris des symptômes physiques. Mais si nous sommes trop occupés à nier ces besoins et sa mémoire nous nous condamnons à vivre dans un enfer invisible. Tout est parfait, mais nous sommes coupés de nos véritables émotions et destinés à vivre une vie superficielle creuse et notre organisme devient notre ennemi. Comment pouvons nous devenir amis avec notre corps qui demande une vérité extrêmement désagréable ?

D'abord nous devons arrêter d'éviter la vérité et vivre par une ou plusieurs expériences que la vérité ne tue pas, qu'en fait ça nous fait nous sentir meilleur éventuellement. Si vous décidez de ne pas prendre vos pilules quand vous avez votre mal de tête et trouver à la place exactement quand le mal de tête à commencé, vous pouvez être assez chanceux pour comprendre pourquoi votre corps à besoin d'un mal de tête juste maintenant, ce qui vous est arrivé aujourd'hui qui vous a fait vous sentir malheureux, si vous prêté votre complète attention à l'événement. Une fois vous le faites, une émotion très douloureuse peut surgir qui doit être sentie. Cependant, après que ce sentiment soit fini, une solution à votre problème peut apparaitre. Mais en tous cas, à votre grande surprise vous vous rendez compte que votre mal de tête à disparu sans aucun médicament. Si vous avez déjà fait l'expérience d'une disparition si spontanée d'un symptôme, personne ne sera jamais capable de vous convaincre que votre mal de tête à besoin d'aspirine pour partir. Les drogues vous empêchent de vous comprendre, mais cette compréhension peut être essentielle pour votre santé.

La différence entre les sentiments (Gefühle) et les émotions (Emotionen) est fondamentale pour comprendre le mécanisme du déni. Pourquoi est-ce si important de connaitre cette différence ?

Si vous n'essayez pas de refuser votre passé vous êtes plus libres de croire vos émotions. Elles vous transmettent votre histoire, souvent inconsciemment et souvent à travers les messages de votre corps. Votre esprit peut apprendre à comprendre ces messages et dans cette optique transformer vos émotions en sentiments conscients. Si vous connaissez vos sentiments vous avez la meilleure protection dans votre vie, tandis qu'en vous battant contre eux vous vous sentez constamment en danger, effrayé par des choses qui se sont déjà produites des décennies et qui ne sont plus de vrais dangers.

Un enfant doit réprimer l'expérience de l'abus pour arriver à survivre. Comment un mécanisme qui permet de survivre se transforme-t-il en un mécanisme qui étouffe la vie ?

Ce mécanisme ne se transforme pas lui même. Il reste le même mais n'est plus adapté aux nouvelles circonstances. Nous n'en avons plus besoin adultes. Nous devons le laisser partir. Autrement nous ne pouvons pas profiter d'être un adulte; nous continuons de vivre comme des enfants dépendants. Si vous faites un voyage en avion, vous avez besoin de mettre votre ceinture de sécurité. Mais après avoir quitté l'avion, quand vous marchez sur la terre, vous n'en avez plus besoin. Vous ne la garderiez pas. Mais la plupart des gens font exactement ça. Ils gardent sur la terre ce qui leur sauvait la vie en l'air. Ils marchent adultes avec le déni qui a sauvé leur vie dans l'enfance. Et ce qui était nécessaire ALORS, devient étouffant MAINTENANT.

Vous utilisez le terme "pédagogie noire" (schwarze Pädagogik). Je comprend ceci comme étant une éducation autoritaire. L'éducation laxiste a-t-elle des effets similaires ?

La notion de "pédagogie noire" a dans mes éditions Anglaises le nom "Poisonous Pedagogy". Dans mon livre "C'est Pour Ton Bien" j'ai décris comment ces méthodes pour produire un enfant obéissant et soumis tue leur capacité naturelle d'empathie. L'éducation laxiste de 1968 à été dommageable d'une autre manière. Mais peut être moins destructrice. Cela voulait souvent dire une négligence totale pour les besoins de protection et de communication de l'enfant. Et c'était aussi un type d'exploitation de l'amour de l'enfant pour l'idéologie de l'adulte. Ceci conduisant souvent à de sévères abus sexuels, dissimulés selon la théorie de Freud de la "sexualité infantile", et à une confusion profonde du sens de l'identité de l'enfant. Mais je ne pense pas que l'éducation laxiste était aussi brutale que les partisans de l'autorité, qui a finalement mené des millions de servants obéissants volontairement auprès d'Hitler.

Quand j'ai du préparer un court résumé de votre livre, j'ai écrit que vous discutiez d'abus de l'enfant doué. Alors on m'a rappelé que je devais éviter le terme abus, parce que c'était trop offensant, brutal et révoltant. A la place j'ai du écrire que vous traitiez de "l'incompréhension" des parents et de "l'indifférence" de leurs enfants. Quel est votre commentaire ?

C'est très commun d'être accusé d'être "offensant" si vous "appelez un chat un chat", à la place d'utiliser un mot euphémique. C'est partout une bonne façon de dissimuler la brutalité des parents et d'offenser les gens qui les dénoncent. Comme c'est la façon dont nous avons appris à nous comporter, nous n'osons pas y renoncer et nous sommes rapidement intimidés. Mais en réalité c'est une voie étouffante.

Vous écrivez: "Le traumatisme stocké dans le cerveau mais nié par notre esprit conscient" sera toujours visité par la génération suivante." Pouvez vous décrire ce mécanisme ? Est-ce l'innocence de l'enfant attaché en bas âge qui est prise pour être emportée simplement parce qu'il est né de parents qui nient leur traumatismes ?

Oui, malheureusement, les miracles sont très rares. Si les parents disent: "La fessée ne m'a fait aucun mal", il vont faire la même chose à leur tour sans arrière pensées. Mais si ils peuvent voir que le traitement de leurs parents a mutilé leur vie, ils vont essayer d'épargner leurs enfants du même destin, il vont rechercher des informations et ne voudront pas être bloqués dans le déni et l'ignorance.

Je remarque que beaucoup de gens deviennent allergiques quand ils voient un enfant vraiment sincère soulagé de l'abus et de la culpabilité. Ils ne peuvent simplement pas le supporter. Ils répètent que chaque enfant doit être socialisé le plut tôt possible, en d'autres mots éloigné des parents et mis au jardin d'enfant pour qu'il ou elle devienne "disponible" pour quelqu'un. Ils prêchent les bénéfices de la socialisation comme étant la cause la plus sacrée, noble. Je trouve que cette pression sociale est énorme. Mais dans ce contexte de socialisation c'est l'égal de l'adaptation à la cruauté. Pourquoi un enfant qui est vivant, véritable et pur, à leurs yeux insupportables, même coupable et doit bien sûr être mutilé par tous les moyens pour devenir leur semblable ?

Parce que la créativité de l'enfant et sa vivacité déclenchent chez les parents leurs sentiments réprimés de douleur d'être étouffés. Ils ont peur de sentir leurs peurs, donc ils font ce qu'ils peuvent pour éviter les déclencheurs. En insistant sur l'obéissance ils tuent l'enfant vivant, ils le font devenir une victime comme eux ou elles ont été eux mêmes traités avant. C'est pourquoi ils ont absolument besoins d'informations. C'est pourquoi nous parlons et travaillons dans cette interview.La plupart des parents le font automatiquement, simplement en répétant ce qu'eux mêmes ont appris étant enfants. Nous pouvons les aider à arrêter ce comportement destructeur en leur expliquant pourquoi c'est en réalité destructeur. Pour qu'ils puissent se réveiller et faire un choix."

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